Une nouvelle tendance est en train de se développer parmi les passionnés d’old-timers, à savoir la conversion de véhicules anciens en voiture électrique. Ce type de rénovation, baptisé le rétrofit, est en train de gagner en traction en France. Pourquoi des collectionneurs prennent cette initiative a priori contradictoire ? Est-il possible de garder une carte grise de collection après avoir effectué une telle transformation ?
Il existe déjà des sociétés spécialisées en France qui se chargent de faire passer à l’électrique un véhicule ancien. Il en existe une notamment du côté du Mans. Appelée Ian Motion, cette entreprise propose aux collectionneurs de transformer leur old-timer (ou young timer, d’ailleurs) en voiture électrique moyennant le règlement d’une facture d’environ 40.000 €.
Ce traitement a notamment été récemment appliqué à une MINI du début des années 90. L’entreprise a choisi de démarrer son activité avec ce modèle en raison du défi technique que la voiture de Mister Bean représente, vu le peu d’espace disponible pour les batteries. Si ça marche avec ce véhicule, la conversion sera possible pour n’importe quel autre voiture ancienne. Le moteur électrique qui remplace le moteur thermique a été choisi pour développer la même puissance. Par contre, les accélérations sont plus vigoureuses. Une autonomie de 150 km, une vitesse maximale de 90 km/h sont parfaites pour un véhicule de collection.
La société implantée dans la Sarthe se veut ambitieuse : elle envisage de proposer un kit que les garagistes pourront monter eux-mêmes sur les véhicules de leurs clients. Mais une voiture de collection avec un moteur électrique, n’est-ce pas contraire à l’esprit de la préservation du patrimoine automobile ?
Pour les fondateurs de la société, l’électrification des véhicules anciens permet de réduire fortement les pannes et d’éviter de se salir les mains. Pour les passionnés, ces aléas font intégralement partie de l’attrait d’une voiture de collection. Vous l’aurez compris, il y a 2 camps, les passionnés de véhicules anciens qui sont plus attirés par l’esthétique que la mécanique, et les autres pour qui une telle électrification est un blasphème. Un véhicule de collection ne pourrait se concevoir sans les vibrations du moteur, les odeurs ou le bruit qui émane du capot, qui permet souvent de reconnaître une voiture rien qu’en l’écoutant.
Le débat du bien-fondé de cette transformation étant sans fin, passons désormais à l’aspect légal d’une telle modification de véhicule. Concrètement, que faut-il faire du côté de la carte grise après un rétrofit ? Comme tout véhicule qui a subi une modification de ses caractéristiques, il faut obtenir une homologation à titre individuel. Le problème, c’est que la législation française ne prévoit pas encore la possibilité d’obtenir une réception à titre isolé pour un tel cas de figure. Mais il n’en va pas de même partout. Par exemple, au Royaume-Uni ou dans d’autres pays de l’Union européenne il suffit de faire une simple déclaration. Pour contourner cet obstacle administratif, la société du Mans procède à l’homologation des véhicules électrifiés en Allemagne.
L’homologation obtenue dans l’Union européenne signifie que le véhicule peut être immatriculé en France. Malheureusement, il ne pourra pas recevoir une carte grise de type collection. Comme le stipule la loi, le véhicule doit non seulement avoir plus de 30 ans, mais aussi être à l’état d’origine. Du côté de la FFVE, on a décidé de ne pas se prononcer pour ou contre l’électrification des voitures anciennes. Elle a néanmoins souhaité, via l’entremise de son directeur général Laurent Hériou, la promulgation d’un statut spécifique pour ces véhicules, ainsi que les répliques de véhicules anciens.