Promouvoir les solutions de mobilité vertes est une priorité des autorités depuis une dizaine d’années. À ce titre, la carte grise pour les véhicules propres est gratuite dans de nombreuses régions. C’était notamment le cas dans le Grand Est, jusqu’à 2022. Désormais, la carte grise est gratuite uniquement pour les véhicules 100 % électriques ou à l’hydrogène. Ce qui signifie que le certificat d’immatriculation Grand Est est payant pour les voitures hybrides, roulant au GPL ou à l’E85.
La nouvelle a pris par surprise de nombreux automobilistes qui avaient pris l’initiative de convertir leur véhicule via l’installation d’un boîtier E85 ou d’un système GPL. D’autres, qui venaient de commander un véhicule hybride, ont appris le changement de règles en faisant leur carte grise Grand Est. Par exemple, un automobiliste nous a indiqué que le prix de la carte grise, sans taxe régionale, avait été indiqué sur son bon de commande. Le concessionnaire lui a ensuite demandé de payer le prix de la taxe, vu que sans règlement le titre ne sera pas émis.
Depuis 2022, seuls les véhicules qui roulent exclusivement à l’électricité, à l’hydrogène ou à une combinaison des 2 restent éligibles à la carte grise gratuite dans le Grand-Est. Ou, pour être plus précis, au simple paiement des frais de production et d’envoi du titre, qui s’élèvent à 13,76 €. Concrètement, cela signifie que le champ P3 de la carte grise (source d’énergie) doit avoir l’un des codes carburant suivants :
Tous les autres véhicules doivent désormais payer la taxe régionale. Pour rappel, elle se calcule en multipliant la puissance fiscale par le prix du CV dans le Grand Est. Il se fait que celui-ci a justement augmenté de 42 à 48 € en 2022. Les automobilistes qui viennent donc d’immatriculer un véhicule GPL, hybride ou E85 sont donc doublement perdants.
Le problème est simple : la part de marché des véhicules verts ne cesse de grandir. Ce qui signifie qu’au fil des ans, les recettes de la région baissent alors que les dépenses sont stables ou augmentent. En 4 ans, cette part de marché est passée de 2,2 à 10 %. Et vu que cette trajectoire n’est pas prête de changer, le Grand Est a pris les devants pour ne pas mettre en péril son budget.
Et à moins d’un refinancement des régions, cette posture risque de faire des émules. En effet, la problématique est la même partout. La subsidiation est possible tant que les véhicules à combustion peuvent la financer. Mais si tout le monde ou presque passe au vert, la pérennité du système s’écroule. Cela dit, ce n’est pas pour autant que le Grand Est se désengage de politiques en faveur d’une mobilité plus respectueuse de l’environnement. La région va notamment renforcer le réseau de bornes de recharge. Elle envisage également d’augmenter sa prime régionale à la conversion E85 de 500 à 550 €.